press release, Eva Prouteau, 2009

Via une vaste entreprise de collecte d’images, documentation céline duval classe et archive le monde à sa manière, pour mieux se l’approprier et le comprendre. Son œuvre, jusqu’alors essentiellement éditoriale, explore depuis peu de nouveaux territoires formels (le tirage unique) et conceptuels (une définition personnelle de la notion d’icône). Sélectionnées pour leur force élémentaire, certaines photographies de son fonds privé incarnent ainsi ce que la documentation céline duval nomme génériquement des “abstractions énergétiques”. Pour image/imatge, elle propose des visions de cette nouvelle recherche. Une femme au bord de l’horizon (La Volonté), des êtres en plein envol ou portant le monde (L’Homme-socle) : ces figures convoquent l’air, la terre, l’eau et le feu, et s’érigent d’emblée au rang de puissances symboliques. En filigrane, ces images condensent les préoccupations profondes de documentation-céline-duval, à savoir la représentation de l’énergie vitale, la force de création, la volonté et la quête de liberté. Comme si toutes les pulsions qui nous maintiennent en vie se rejoignaient en ces instants figés par l’opérateur pour l’éternité.

Présente également dans l’exposition, l’installation vidéo Horizon V rejoue cette jouissance physique des corps intimement connectés au paysage. Une forme de joie photographique sous-tend chaque image, où les corps s’épanouissent devant l’horizon devenu mouvement, écho du ressac de la mer omniprésente spatialement et musicalement. Ligne magique, l’horizon s’apparente ici au miroir d’Alice au pays des merveilles : il suggère l’ailleurs et le voyage, et permet d’accéder à l’au-delà fantasmatique de l’image. Au-delà des horizons donc, pour rejoindre le mystère inhérent à la création de toute image, notion poétique qui revient également au cœur de l’œuvre fondatrice Le Glablier.